Les causes et les signes de l'AVC

 

Le signe caractéristique de l’AVC est un déficit neurologique focal soudain.

 

Dans 90% des cas chez l’enfant, ce symptôme est un déficit moteur hémicorporel ± troubles du langage de survenue brutale. Ce déficit peut régresser en quelques minutes puis récidiver dans les heures ou jours qui suivent. Une telle présentation fluctuante est très évocatrice d’artériopathie cérébrale, constitutionnelle (drépanocytose, moyamoya) ou post-infectieuse. De même, le clinicien doit être particulièrement alerté par les atteintes transitoires et migrantes des paires crâniennes ± associées à une dysmétrie, une ataxie ou des vertiges. Ces signes sont caractéristiques d’un AVC de la fosse postérieure dont l’évolution peut être rapidement dramatique. Bien qu’également classiques, les autres types de déficit focal soudain (hémianopsie latérale homonyme, troubles sensitifs hémicorporels, cécité monoculaire…) sont difficiles à identifier chez le jeune enfant.

 

L’accident est parfois accompagné d’une crise d’épilepsie. Lorsque le déficit précède la crise, la présentation clinique est alors très suggestive d’AVC. Néanmoins, un déficit focal post-critique durable, notamment après une crise courte chez un enfant non épileptique doit aussi faire évoquer l’AVC.
Une céphalée hyperaiguë et très intense et une altération de la vigilance ± associées aux signes précédents évoquent un AVC hémorragique.

 

La survenue de ces signes typiques doit conduire à l’imagerie sans délai.

 

D’autres présentations sont moins évocatrices :

- ataxie avec syndrome cérébelleux symétrique, vertiges, diplopie ou paralysie durable des nerfs crâniens lorsqu’ils surviennent de manière isolée (leur association ou leur caractère fluctuant est par contre très suggestive ; cf. supra)
- malaise, altération progressive de la vigilance sans signes focaux
- céphalées ou déficit neurologique progressifs

 

La confirmation de l’AVC permet la mise en place des mesures thérapeutiques d’urgence communes à tous les types d’accidents tandis que les antécédents de l’enfant, la présentation clinique et surtout l’imagerie orientent très rapidement le diagnostic étiologique et donc le traitement spécifique, notamment médicamenteux. Bien que les causes, notamment d’infarctus cérébral artériel, soient nombreuses, quelques examens simples disponibles dans les heures ou jours qui suivent l’arrivée de l’enfant permette ensuite de classifier les AVC de l’enfant en quelques classes nosologiques. Le traitement et la surveillance à plus long terme sont ensuite adaptés à la cause.

 

Certaines maladies de l’enfant peuvent simuler un AVC :

- Migraine avec aura et autres syndrome paroxystiques périodiques de l’enfant
- Déficit post-critique ou d’origine périphérique
- Anomalies métaboliques
- Troubles somatoformes.

 

Les antécédents de l’enfant, la présentation des symptômes (notamment leur cinétique, plus progressive dans la migraine par exemple) et l’examen clinique permettent souvent leur reconnaissance. Dans le doute, l’imagerie et quelques examens biologiques (glycémie, examens métaboliques orientés en fonction du contexte…) rétablissent le diagnostic.

 

Pour en savoir plus

- Kossorotoff M, Lebas A, Chabrier S, et al. Accidents vasculaires cérébraux de l’enfant (nouveau-né exclu). Encyclopédie Médico-Chirurgicale. EMC 2013 (Elsevier-Masson SAS, Paris), Médecine d’urgence, 25-140-G-25

- Hubert A, Curie A, Carneiro M, et al. L’accident ischémique transitoire : une urgence pédiatrique aussi. Presse Med 2014

- Chabrier S, Vuillerot C, Kossorotoff M, Husson B. Pour une reconnaissance et une prise en charge urgentes de l’AVC de l’enfant. Réalité Pédiatrique 2014;187:22-9